La Dorade Rose fait son retour à Ouessant - goûtons sans crainte !
Depuis le début de Poiscaille Ondine et Jean-Denis nous parlent des dorades roses qu'ils pêchent à la ligne autour de l'île de Ouessant.
Seulement il faut des conditions très particulières pour les capturer : temps calme sans houle (ou presque, à Ouessant 1,5 mètres de houle c'est calme....) ni vent pendant plusieurs jours. A Ouessant, au bout du monde, ce n'est pas souvent.
Alors on patiente depuis trois ans et voilà, elles arrivent, toutes rosées, en direct de l'île. Pour tout vous dire, on n'a jamais goûté mais ils nous ont fait saliver : la dorade la plus prisée chez les pêcheurs, supérieure au bar selon eux.
C'est l'idée que l'on avait en tête, un stock décimé par les chalutiers pélagiques et les bolincheurs dans les années 80, en à peine quelques années. Une recherche Internet le confirme, avec des informations de plus de 4 ans pour les plus fraîches (on a déjà vu mieux pour le poisson).
On était donc un peu perplexes hier soir, on a donc appelé Ondine, pour tout savoir.
Voici ce qu'elle nous a expliqué :
Cela fait plus de 10 ans que l'on voit les dorades roses revenir autour de l'Île. Il y a 12 ans, un ligneur faisait naufrage après avoir pêché dans le secteur : il avait 150kg de dorade rose à bord. Le renouveau était déjà là. Depuis 5 ans on les croise régulièrement mais la météo a été capricieuse, pas possible de pêcher plus d'un jour par an et de faire à peine 20kg chaque année, autant dire qu'on est loin de consommer notre quota annuel de 450kg.
Cette année c'est exceptionnel : depuis le 15 août on arrive à en faire régulièrement à Ouessant et on a des échos très positifs de beaucoup de collègues ligneurs de la pointe de Bretagne, ils en ont fait tout l'été. Cela permet même à certains de laisser les bars tranquilles, ils n'ont pas été vraiment au rendez-vous en zone Nord cette année, malgré quelques pêches encourageantes. Pêcher la dorade rose, à petite échelle, permet de limiter donc les prises de bar.
Voilà un bon signe. On est quand même allé creuser un peu plus, mais les infos sont limitées pour ce stock que même les scientifiques semblent avoir abandonné, côté Atlantique (on trouve quelques papiers récents sur les stocks de Méditerrannée).
Les dernières évaluations de stock semblent dater, pour le stock Atlantique, de 2011 ( IUCN). L'IUCN (Institut Internation pour la Conservation de la Nature) évoque même des signes d'augmentation des captures. Autre bon signe, au niveau Français, depuis 2014 la pêche à la bolinche a été interdite pour cette espèce et les navires employant des chaluts ont été limités à 300kg par an. Les techniques ayant causé l'effondrement du stock dans les années 80 sont donc interdites, ou très limitées, on dirait que certains ont retenu les leçons du passé.
On est donc sereins sur la durabilité des dorades d'Ondine et Jean-Denis : des individus de taille assez importante, pêchés à la ligne, en toute petite quantité. En plus, cela permet à nos pêcheurs de laisser les bars tranquilles quelques marées.
On a donc hâte de goûter !
Mise à jour en live : la pêche de la dorade rose pour l'année 2018 vient d'être fermée ce jeudi matin à 10h. Il faudra donc patienter 12 mois pour retrouver ces jolis rubis de Ouessant. C'est une bonne nouvelle, signe que le poisson revient vraiment en force.