Sylvain Huertas, pêcheur à Gruissan
On croise pour la première fois Sylvain en allant rencontrer Denis Bes, son oncle et pêcheur expérimenté de Gruissan. Sur le petit port, la cabane de Sylvain est ouverte, il nous accueille pour faire connaissance autour d'un café chaud. Dès le lendemain, on enfile les bottes et on sort sur l'eau avec lui. On ne peut rêver meilleur contexte de rencontre !
Les verveux, métiers historiques de Gruissan
Sylvain a un parcours original pour un pêcheur professionnel. Ancien policier municipal de Gruissan, il se met à la pêche par le biais de sa famille : Benjamin Bes son cousin et Denis Bes son oncle, une illustre famille de pêcheurs Gruissanais. Sur le port, une quinzaine de petits bateaux organisés en prud'homie travaillent à l'année, entre les anciens et les plus jeunes comme Sylvain, le collectif est bien huilé. C'est grâce à cette force que le port et les cabanes de vente directe existent encore malgré la présence de la criée de Port-la-Nouvelle en face. Comme beaucoup de pêcheurs de Gruissan, Sylvain possède deux bateaux : une barque sans cabine de 6m pour l'étang de l'Ayrolle et un bateau d'une dizaine de mètres pour la mer.
Sur l'étang, chaque pêcheur hérite d'une petite dizaine de postes de verveux (barrage muni de pièges à intervalles de distance réguliers) dont le tirage est fait au sort l'été. Chaque année, c'est la pression pour savoir qui va hériter de celui le plus à la côte qui pêche mieux lors des coups de froid, ou l'un de ceux du milieu où le courant est le plus fort... Entre superstitions et probabilités réelles de pêche, chacun joue finalement le jeu. Certains pêcheurs acceptent même de confier leur poste à d'autres plus en difficulté lors des saisons de pêche trop maigres, là encore, on sent la force du collectif. Les barrages sont construits en plein été et démantelés au printemps pour libérer pleinement le passage aux poissons. Dès septembre, les anguilles et quelques poissons piégés sont sortis des pièges remontés plusieurs fois par semaine. Le poisson est récupéré vivant, d'une qualité impressionnante. Les plus petits poissons peuvent être relâchés en forme.
Les filets, à petite échelle
Sur l'étang, Sylvain pêche surtout au filet trémail qu'il cale sur des zones de faible profondeur à la recherche des daurades royales lors des premières pluies d'automne. Les daurades entament leur migration vers la mer où l'eau est plus salée, on appelle ça la dévalaison. Lorsque le froid commence à bien s'installer en novembre, ce sont les mulets puis les loups qui sortent des étangs à leur tour, à la recherche des eaux plus chaudes côté mer.
Dès le printemps, Sylvain change de bateau pour sortir les filets trémail à grandes mailles. Côté mer, aux abords des plages, il cherche surtout à capturer les poissons plats : soles, turbots, barbues ou les raies. Pour valoriser au mieux, il privilégie toujours la qualité à la quantité, quitte à diminuer le nombre de filets calés. Pour valoriser au mieux ses prises, il peut compter sur la vente directe aux locaux, en particulier lors des mois chauds. On est fiers de pouvoir proposer un débouché à Sylvain pour valoriser les plus gros coups de pêche, notamment l'hiver où les volumes de capture le forcent parfois à se tourner vers les enchères de criée.
🐟 Espèces retrouvées le plus souvent chez Poiscaille : daurade royale, anguille, mulet, loup, turbot
🎣 Techniques de pêche : Filet, verveux