La pêche aux étangs dans le Golfe du Lion : dévalaisons et capéchades

Le Golfe du Lion est une zone qui se caractérise par la présence de nombreux étangs, qui communiquent directement avec la mer : l’étang de Gruissan, l’étang de Bages, l’étang de Leucate, l’étang de Canet … Ces lagunes sont des écosystèmes particuliers, et mènent donc à des techniques de pêche spécifiques. Penchons-nous sur l’une d’entre elles, typique de la région : la pêche aux capéchades.

Le phénomène de dévalaison

A la fin du printemps, de nombreux poissons juvéniles entrent dans les étangs : les loups (nom méditerranéen des bars), les daurades royales, et les muges (nom méditerranéen des mulets). Les étangs sont des milieux très intéressants pour eux : ils sont riches en nourriture, notamment de par l’apport important d’eau douce ; la profondeur est assez faible et l’eau y est donc relativement chaude ; enfin, on n’y trouve pas de grands prédateurs, et les petits poissons y sont ainsi en sécurité.Ces jeunes poissons vont passer l’été dans l’étang : ils vont profiter de ces conditions idéales, se nourrir, et bien grandir.A la fin de l’été, ils ont bien mangé et la nourriture se fait de plus en plus rare. Ont alors lieu des phénomènes que l’on appelle les dévalaisons : les poissons d’une espèce vont sortir de façon très simultanée des étangs, afin de regagner la mer.Ces dévalaisons sont provoquées par les conditions météorologiques : elles sont très souvent déclenchées par de gros coups de vents venant de la terre - la Tramontane - ainsi que par une baisse soudaine des températures.Les daurades sont les premières à dévaler : vers fin septembre - début octobre, elles sortent presque toutes en même temps des étangs. C’est ensuite au tour des muges et des loups, dont les dévalaisons ont plutôt lieu vers novembre - décembre.

L’impact sur la pêche

L’aspect très soudain et très simultané des mouvements massifs de poissons durant les dévalaisons provoque des pêches très importantes, sur des laps de temps très resserrés. Durant la dévalaison des daurades par exemple, les captures de daurades royales peuvent atteindre plusieurs tonnes par jour, durant 3 à 4 jours ! C’est pour cela que certains jours à cette période, les Casiers Poiscaille vont être très fournis en daurade royale, alors qu’il n’y en aura plus du tout le lendemain.Cet apport important entraîne une chute des prix dans la filière traditionnelle : en criée, il n’est pas rare de voir les prix des daurades descendre à moins de 2€/kg ! Pour compenser ces prix très bas, les pêcheur.ses vont habituellement chercher à pêcher des volumes importants, quitte à capturer de petits individus. Durant cette période, travailler avec Poiscaille est donc particulièrement intéressant pour elleux, et nos prix fixes permettent d’assurer une bonne valorisation de la pêche quel que soit le contexte. Cela permet également aux pêcheur.ses de réduire leurs volumes de pêche, de mettre moins de matériel à l’eau, et de se concentrer davantage sur la valorisation du poisson, tout en ayant un revenu égal voire supérieur. Poiscaille les encourage de plus à ne pas capturer les poissons de petite taille, qui sont d’ordinaire pêchés afin de maximiser le volume : ceux-ci pourront de cette façon grandir, se reproduire, et être pêchés à un moment plus opportun. Ainsi, le modèle de Poiscaille a dans ces moments un impact très concret sur les stocks de daurades !

La pêche aux capéchades

Pour tenter de ralentir la sortie des poissons des étangs, et ainsi répartir la pêche sur davantage de jours, les pêcheur.ses ont développé des techniques spécifiques. C’est le cas notamment de la pêche aux capéchades. Initialement utilisée pour l’anguille, cette technique a aujourd’hui été adaptée pour cibler également les espèces qui dévalent.Les capéchades sont composées de filets, qui vont guider les poissons qui cherchent à sortir de l’étang dans des pièges, appelés les verveux. Ces sortes de labyrinthes vont ralentir leur sortie, et les garder un peu plus longtemps dans l’étang. Ainsi, les captures sont moins soudaines, la pêche dure plus longtemps, et cela limite également - dans une certaine mesure - l’effondrement des prix en criée.Le long de ces capéchades sont disposés différents postes à poissons : leur attribution se fait entre les différents pêcheur.ses du port, la plupart du temps de façon aléatoire. Ainsi, pas de jaloux entre celleux qui récupèrent les postes réputés pour être bons, et celleux qui ont eu moins de chance au tirage au sort de l’année ! Ce système, équitable pour tous les pêcheur.ses, est souvent permis par une bonne volonté et entente de leur part.