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Pêchés à l'hameçon, les merlus des Pascal Berrouet n'ont rien à voir avec le poisson pêché au chalut au large.

Pascal Berrouet, pêcheur à Saint-Jean-de-Luz

Mise à jour d'octobre 2022

Après s’être battu depuis l’automne 2021 contre un cancer du cerveau, le pêcheur Basque Pascal Berrouet nous a quitté hier soir à 22h.
C’était un historique du réseau, depuis 2019. Un des “fous” à nous faire confiance toute l’année et en toutes circonstances. Mais aussi l’un des plus passionnés de tous les pêcheurs que l’on a jamais connu. Un des meilleurs de tout le réseau, aux palangres et surtout au thon germon où il mettait une sacrée fessée à tous les autres Basques de St Jean de Luz.
Et aussi surprenant que cela puisse paraître pour un pêcheur de ce talent, il était totalement désintéressé. Toujours à partager les meilleurs spots à ces collègues, jamais avares de conseils, toujours des questions à poser pour continuer de se cultiver. Avec @Thibaut on garde un souvenir ému des 3 jours pendant lesquels il nous accueillit chez lui, à Hasparren, dans une maison qu’il a totalement rénové avec Sonia sa compagne et ses deux enfants. Eneko, l’ainé, travaille désormais sur son bateau avec Benji, son ancien matelot. Et le plus petit (dont j’ai oublié le prénom) est absolument passionné de pêche comme son père. La relève est là mais c’est toute la famille de la pêche et de Poiscaille qui est endeuillée.

Saint-Jean de Luz, Palangre & Canne

Il y a quelques années, Pascal était le second du bateau d'Imanol Urgatemendia et le troisième matelot de l'équipage était Guillaume Chausse. La dream team de l'époque. Aujourd'hui chacun a son propre bateau : Pascal a racheté celui d'Imanol qui a cassé un petit chalutier pour en faire un bolincheur de 12m et Guillaume patronne son propre bateau pour pêcher les merlus à la palangre. La passation s'est bien passée selon les dires de Pascal : une magnifique sortie à l'hameçon et une pêche miraculeuse de louvine, le nom local donné au bar, le rêve de tout pêcheur à la ligne. Il se raconte qu'avec cette sortie, Pascal a remboursé son emprunt pour le bateau d'un coup ! Ça grince des dents du côté d'Imanol, ils se chambrent volontiers, mais l'amitié est restée inusable. Et puis on embraye sur les histoires de pêche au thon germon, de longs récits qu'ils nous racontent autour d'un bon repas, jusqu'au petit matin.

Le merlu du golfe de Capbreton

C'est une des curiosités de la côte landaise, un canyon sous marin qui relie la côte landaise des fonds abyssaux du golfe de Gascogne, à plus de 1000m de profondeur. Grâce à ce relief sous la mer, Pascal et les autres ligneurs de Saint-Jean de Luz profitent d'une sacrée zone de pêche. Avec son matelot, il cherche à caler ses palangres de fond sur les acores (chutes brusques de profondeur) tout le long du golfe. Ce sont des lignes de 2000 hameçons maximum, eschés d'un morceau de poisson.

Les hameçons se succèdent sur la ligne par alternance de poids et de flotteurs, permettant de légèrement survoler le fond. C'est à ces profondeurs que le merlu chasse, en remontant, chasser de façon cyclique vers la surface la nuit et en replongeant la journée. Lorsque les palangres sont remontées, les poissons sont décrochés vivants et glacés immédiatement.

Souvent, Pascal rentre de marée avec 50 à 150kg de merlu, parfois accompagnés de quelques tacauds, sébastes, merlans bleus et congres ayant mordu sur les appats. Lorsqu'il ne prend pas que du merlu, ce sont des maquereaux qu'il remonte par grappes. Ils s'attaquent aux hameçons en pleine remontée des lignes. De véritables flèches d'argent d'une qualité impressionnante !

Qualité et diversité

Pêchés à l'hameçon, ces merlus n'ont rien à voir avec le poisson pêché au chalut au large et conservé plusieurs jours en cale avant le retour à terre. On redécouvre cette espèce fragile, sa texture et son goût ultra-fin lorsqu'il est frais et bien traité à bord. Au coeur de l'été, à partir de juillet, Pascal et son matelot stoppent la palangre de fond pour aller chasser les thons germons qui font irruption dans le golfe de Gascogne.

Ce sont des campagnes de pêche de 2 à 3 jours où règne la bonne ambiance entre marins, leur période préférée de l'année. Quelques heures de sommeil dans la cabine pour ne rater aucune chasse et lorsqu'elles surgissent à la surface de l'eau, les lignes de traîne sont filées à l'arrière du bateau et les cannes sorties sur le pont. Les poissons leurrés sont remontés vivants et immédiatement saignés, permettant la meilleure valorisation de ce grand prédateur de pleine mer.

Dès le mois d'octobre, les thons s'écartent de la côte et Pascal reprend la saison de la palangre, une polyvalence qui lui permet d'assurer un bon revenu toute l'année tout en laissant à la ressource des périodes de repos biologique.

Durabilité

En limitant eux-mêmes leur effort de pêche à 2000 hameçons par ligne et des poses à la journée, Pascal tout comme Guillaume ou Mataff, s'assurent de l'exploitation durable et parcimonieuse de la ressource. Non seulement ils permettent à la criée d'avoir des apports mesurés de merlu à chaque débarquement et donc de conserver des prix moyens les plus stables possibles, mais surtout, ils s'assurent de courtes sorties rentables sur le long terme où quantité ne prime pas sur qualité.

Les 20 bateaux qui pratiquent ce métier ont su se démarquer avec un label local "merlu de ligne", certains pratiquants même l'Ikejime à l'abattage. Ils sont ainsi les garants du savoir-faire et de la gestion durable de la ressource.

🐟 Espèces : Merlu, tacaud, maquereau, thon germon

🎣 Techniques de pêche : Palangre et canne

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Navires de moins de 12 mètres. Petite pêche côtière uniquement, le moins d’impact sur les écosystèmes.

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