Dans les Casiers du mois de Septembre, chez Poiscaille...
La météo des pêches, en septembre
En général la pêche reprend en septembre, les poissons s’activent pour constituer les réserves avant l’hiver. Les pêcheurs comptent souvent sur ces belles pêches pour renforcer la trésorerie, avant les semaines de tempête, sans activité quand on pratique la petite pêche. Malheureusement les prix se mettent habituellement en berne avec le départ des touristes, on est donc heureux de pouvoir prendre le relais pour permettre aux pêcheurs de bien valoriser.
Cette année le mois de septembre a été sous le signe du beau temps, avec une eau encore chaude. Il a fallu attendre fin septembre pour voir les premiers coups de vent. Les poissons ont tardé à se mettre en appétit, les pêches étaient donc souvent décevantes au début de mois, bien meilleures après la grande marée d’équinoxe, qui a fait bouger les poissons. Heureusement ça bougeait dans le bleu, avec les poissons pélagiques (thons, maquereaux). Ils ont profité de la température de l’eau encore élevée.
Dans les Casiers le mois dernier...
Le thon rouge
Dès mi-septembre, le thon rouge est arrivé en volume dans les Casiers. Le pic de pêche était plutôt attendu pour Octobre, mais cette année, ils ont décidé de se montrer en avance. Les ligneurs de Bretagne Sud et de Vendée ont été les premiers surpris. En cette période, ils croisent des poissons entre 80 et 250kg, qui remontent de la Méditerranée.
Gaël Moreau (La Cotinière), Nathan Roullot (Loctudy) et Anthony Guenec (La Turballe) ont croisé leur chemin après longues heures d’attente, au large. Au-delà de la longe et la ventrèche, pour les Casiers, les arêtes sont proposées en p’tits, sous l’étiquette de “ribs”, inspiré des travers de porc. Parfait pour limiter les déchets.
L'aile de raie
Fin septembre, les coefficients étaient particulièrement bas, le plus bas niveau de l’année. Les pêcheurs de la pointe Finistère et de la Manche ont pu en profiter pour poser les filets à grandes mailles et les palangres, sans risquer de les voir emportés par les courants. De belles débarques d’ailes de raie ont donc eu lieu la semaine du 19 septembre. Pêchées par Thomas Le Gall et Jeremy Raoul (tous les deux à Audierne), Pierre Guillaume (Brest) ou Julien Ernouf (Diélette).
Le rouget barbet
Pêchés au filet droit à petite maille, les rougets de Charlie Pasco (Quiberon), Sylvain Lozier (Cherbourg) et Guillaume Mansard (Plougerneau) ont bien rempli vos Casiers le mois dernier. Prisé des tables étoilées, on sent ce poisson mal considéré. Pêché également au chalut ou à la senne démersale, en grande quantité, on le croise souvent sur les étals bien fatigués et à bas prix. Les rougets issus de la petite pêche côtière sont démaillés sans attendre, pour une qualité largement supérieure. Un poisson à goûter absolument.
On a d’ailleurs testé une recette de rougets cuits en "éclade", avec des aiguilles de pin ou des herbes sèches, un vrai délice pour les pros du barbecue. On compte sur vous pour être vigilants, histoire de laisser les incendies de cet été derrière nous.
L’espadon
Les espadons ont fait une entrée remarquée dans les Casiers en septembre. Capturés à la palangre entre Saint-Raphaël et Martigues, notamment par Damien Ruberti et Sylvain Pagnon à Carro. On reste souvent sur un souvenir bien sec de ces steaks d’espadon, souvent servis après décongélation. C’est l’occasion, comme pour l’aile de raie, de remettre à zéro le référentiel des papilles, en oubliant la sauce. Elle sert à masquer une qualité dégradée par une congélation perfectible.
Le maquereau commun
Septembre était sous le signe du bleu, les maquereaux étaient partout ! En attendant que les bars se remettent en activité, les ligneurs de Manche et Bretagne Nord étaient “dessus”. Ils devraient encore rester quelques semaines proche de la côte, avant de migrer au large. On risque donc de les croiser à nouveau, mais par passages ponctuels. Pêchés à la “mitraillette”, une ligne avec plusieurs hameçons coiffés de plumes, ils sont remontés vivants à bord. Bruno Guedon (Dieppe), Michel Roussel (Boulogne-sur-mer) et les autres les bichonnent ensuite, le petit bleu est fragile.
Les stars de la boutique
On rentre dans la meilleure période de l’année pour les coquillages. Les huitres ont repris en chair après la reproduction estivale. Les moules, les coques, les palourdes et tous les autres vont également profiter du plancton qui va se développer à la côte, avec le retour de la pluie. Septembre était excellent, octobre et novembre vont être au sommet.
Coté fumé, le mulet et le maquereau ont tenu le haut du panier, pour les apéros durables de fin d’été. Ce mois si, le maquereau avait un accent basque après passage au fumoir Onake (Saint-Jean de Luz). Côté mulet, c’était l’occasion de goûter le mulet lippu, aussi appelé mulet noir, fumé par l’équipe de Groix. C’est l’espèce de mulet la plus réputée, essentiellement liée au fait que les individus de plusieurs kilos sont nombreux. Ils donnent des filets épais, plus simples à travailler.
Coté végétal, on a croisé du monde en frais : aster, roquette, criste marine, obione ou pompon de mer. Pour la salicorne fraîche, il faudra patienter jusqu’à juin prochain. Heureusement les conserves de Cécile & Frédéric Lenne (Étaples), réalisées cet été, permettront de patienter.
Mention spéciale à la roquette, elle nous a envoyé un bon coup poivré dans le palais. Si vous cherchez de la force, allez-y ! A la cuisson elle perd son piquant. Poêlée au beurre en même temps que l’aile de raie et les câpres, c’était parfait.
Quoi de neuf chez nos pêcheurs ?
On a accueilli Marie et Guillaume Nicolle, mytiliculteurs sur la Pointe de Combrit (entre Concarneau et Le Guilvinec). C'est le retour de Philippe Calone, un pêcheur historique du réseau, après un long moment d’absence. On a retrouvé avec joie ses soles, flets, plie et bars pêchés au filet au large de Port-en-Bessin.
Enfin, pour préparer la saison des Coquilles Saint-Jacques, on est allés chercher deux nouveaux équipages de plongeurs !
Et pour le mois d’Octobre ?
Grand retour de la Coquille Saint-Jacques de plongée, rendez-vous à partir du 4 octobre !
On rentre dans la période des tempêtes, les cyclones coté Caraïbes et Floride pourraient débarquer chez nous. Difficile donc d’anticiper côté Atlantique. Mais les poissons devraient être mordeurs, avec le retour de ces temps de pêcheurs.
La migration des daurades royales devrait démarrer, côté Méditerranée, à la sortie des étangs salés, mais aussi côté sud-ouest, à la sortie des estuaires girondins et des pertuis charentais et vendéens.
La surprise pourrait venir de Saint-Jean de Luz, avec les premières sardines pêchées par Imanol Ugartemendia et Philippe Avent. Elles sont attendues en masse à partir de novembre, mais les pêcheurs commencent à les croiser. Derniers barbecues ou passage au four (toutes fraîches = sans odeur, on a grillé pour vous), on va prolonger l’été dans l’assiette.
Coté boutique, les crevettes seront à l’honneur, on espère bien croiser :
- Les bouquets, les vrais, pêchés au casier entre le Cotentin et la Vendée. Il faut que ça bouge pour les mettre en appétit.
- Les gambas des marais de Charente, élevées en extensif par Ingrid et David Mercier. Ça va durer quelques semaines au mieux.
Il ne manque plus qu’une belle cueillette de champignons sauvages pour que l’automne soit parfait.