Poisson du mois de Janvier

La météo des pêches, en janvier :

Temps de chien en début de mois, les premières vraies tempêtes de la saison, et pas pour rigoler. Des vagues jusqu’à six mètres, venues du large, des vents dépassant les 100 km/h sans descendre en dessous de 50, ça a secoué sec côté Manche et Atlantique pendant quasiment trois semaines. Résultat, beaucoup de nos pêcheurs sont restés au port, leurs embarcations de petite taille ne permettant pas d’affronter ce genre de météo. L’occasion de reposer les marins et l’océan et de préparer la prochaine accalmie.

Ce sont les pêcheurs de Méditerranée, moins exposés que ceux de la côte Atlantique, qui ont rempli en nageoires une bonne partie des Casiers. La taille du réseau Poiscaille, plus importante que par le passé, nous a permis d’apporter de la diversité dans les Casiers de la mer malgré une météo défavorable. Fin janvier, le temps est repassé au beau, ce qui a permis à tout le réseau de repartir à l’eau. Avec de belles prises à la clef, les pêches d’après tempête ont atteint leurs promesses. Alors que début janvier on fouillait tout le réseau pour essayer de réduire la proportion de coquillages, fin janvier on a refusé du poisson, ça pêchait fort et partout. C’était avec joie qu’on retrouvait une foule de pêcheurs qu’on n’avait plus croisés depuis quasiment quatre semaines, bloqués à terre par la tempête.

Côté thermomètre, les températures froides sont enfin arrivées, après un automne digne de certains étés historiquement pourris. Les poissons d’hiver ont donc eu du retard et les poissons du printemps ont déjà de l’avance. Résultat, on a été surpris par certaines pêches qu’on n’attendait pas forcément à ce moment de l’année.

Dans les Casiers le mois dernier...

La roussette à la fête

Avec une houle qui remue les fonds marins, les roussettes nagent dans le bonheur, coquillages, crustacés et autres proies étant délogées de leur abri. Depuis novembre dernier, Pierre Cuillandre les cherche dans la rade de Brest, en partie grâce aux bons prix garantis par Poiscaille. On a jeté un œil aux statistiques : à l'échelle nationale, 90% des prises sont rejetées à la mer. Même si beaucoup d'individus repartent en bon état, ça nous paraît aberrant de pêcher pour rejeter. C’est une vraie fierté de voir des pêcheurs cibler cette espèce oubliée pour soulager les espèces les plus recherchées. Dans l’assiette, rien à voir avec la saumonette (nom commercial de la roussette) de la cantine, trop souvent accompagnée d’un petit goût d'ammoniac parfait pour vous en dégoûter. A déguster sans attendre pour vous réconcilier. On a testé au beurre noir, comme sa cousine la raie, ça nous a fait chavirer.

Le maquereau en nombre

Il y a deux mois environ, on vous affirmait que les maquereaux étaient partis au large pour y passer l'hiver. Mais les pêcheurs de la Baie de Camaret ont découvert début janvier un énorme banc juste à la sortie du port. Eric Laurent et Xavier Menesguen sont "tombés dedans" comme on dit souvent à bord. Ils ont posé leurs filets, pensant attraper quelques poissons et les ont remontés avec plusieurs centaines de kilos de maquereaux. Habituellement, les maquereaux se regroupent autour de Camaret plutôt début décembre, les pêcheurs pensaient qu’ils avaient fait l’impasse sur cette étape de migration. Mais ils attendaient juste un bon coup de froid pour bouger.

Une idée de recette de maquereau par ici 👇

Maquereaux au piment d'Espelette avec riz et kumquat d'Italie

Les coquillages à la rescousse

On a anticipé la météo catastrophique du début de mois en demandant aux pêcheurs de faire quelques stocks, le passage en bassin pour les faire dessabler nous permet de jouer la sécurité. En premier, les coques de la petite mer de Gâvres, à côté de Lorient, qu’ Eric et Lucile Doceul, ont pêché à pied, à la force du râteau. En second, on a eu la bonne surprise de voir les moules de Groix de Leslie et Julien Romagné encore super remplies pour la saison. Leur situation au large leur permet de bénéficier d’une eau plus riche en plancton que leurs cousines de bouchot, plus proches de la côte. Avec en bonus la protection de l’île contre les tempêtes venues d’Ouest.

Oursins en apnée

Depuis mi-décembre la pêche en Méditerranée est ouverte en apnée notamment avec Henri Taillon à Saint-Mandrier-sur-Mer. L’occasion de retrouver les oursins habituellement croisés sur les étals, plus petits que leurs cousins bretons. Il vous reste quelques semaines pour comparer les deux “châtaignes de mer”, côté Méditerranée on penche franchement vers le iodé.

Mulet

Le mulet a permis de garnir en écailles les Casiers de janvier, même les jours de “furie”, comme disent les pêcheurs. Il hiverne dans les nombreux étangs salés entre Narbonne et Martigues. Victor Riscal et Florian Rousse les ont trouvés du côté de Pérols pendant que Quentin Le Bos les croisait autour de Port-Saint-Louis du Rhône.

Côté Bretagne et Charente, on a également vu passer deux pêches spectaculaires, dans les zones à l’abri de la tempête. Franck Gueguen à l’île de Batz et Guillaume Potevin à La Rochelle ont trouvé d’imposants bancs de mulet noir, profitant de la nourriture poussée à la côte par le vent. Le mulet est un sauve bredouille, qui évite aux pêcheurs de s’aventurer au large en période de grosses tempêtes. Rien à voir avec la mauvaise réputation des poissons que l’on trouve dans la vase des ports. On en a encore bluffé plus d’un, en annonçant qu’à la fin du repas qu’il ne s’agissait pas du bar qu’il était convaincu de déguster avec force enthousiasme.

Retrouvez une recette de mulet par ici 👇 Verticale de Mulet façon Poiscaille

Les premières seiches

Côté Méditerranée, les sorties à proximité de la côte ont rapporté leur lot de bonnes nouvelles. Les premières seiches ont débarqué, avec quasiment un mois d'avance, encore un effet des températures printanières en plein hiver.

On était habitués à les voir débarquer fin février, elles sont arrivées mi-janvier. On se demande si la vague de froid qui a démarré mi-janvier ne va pas les ralentir et les renvoyer au large…. Affaire à suivre.

Pour vous aider à la nettoyer, on vous glisse la vidéo tuto 👇

Le lieu jaune débarque

C’est officiel, le lieu jaune a pris ses quartiers d’hiver à la côte. La chute des températures combinée aux grosses tempêtes a enclenché la pêche, aussi bien au filet qu'à la ligne. Du Sud au Nord de la pointe bretonne, il a essaimé dans les filets des frangins Florian et Loïc Violon au Guilvinec, dans ceux de Thomas Le Gall et Matthieu Lemoine à Audierne, et au bout des lignes, Breandan Galvin,  au large de Lanildut. Une chose est sûre, on peut dire que la pêche du lieu jaune a plutôt bien démarré en cette fin de mois de janvier.

Belles prises de bouquets

Les bouquets sont habituellement pêchés en petite quantité, on les propose donc uniquement à la carte. Il est rare que nous glissions les bouquets dans les  Casiers, ils sont habituellement présents en trop petite quantité. Mais en ce mois de janvier, Yann Houet (Quiberville) a fait des prises régulières et abondantes, suffisamment pour en glisser dans les Casiers.La pêche du bouquet a habituellement lieu de septembre à mars et cette année semble une des meilleures depuis longtemps. Pas d'explication très claire à cela de notre côté, mais les pêcheurs ont la meilleure explication :  “le bouquet, ça varie chaque année”.

Quoi de neuf chez nos pêcheurs ?

Nous accueillons deux nouvelles pêcheuses dans le réseau : Alice Bonnet, pêcheuse au filet à Saint-Jean-de-Luz et Françoise Clavez, plongeuse  à la coquille Saint-Jacques dans les Côtes d’Armor  (Saint-Quay-Portrieux).

On accueille également un nouveau producteur d’huîtres, Rémi Henry, situé à Brest. Comme les autres, 100% de ses cailloux sont nés en mer.

Et pour le mois de février ?

L’impact de la chute des températures sur le comportement des poissons est notre plus grande incertitude. D’expérience, elle signe l’arrivée vers la côte des espèces hivernales, comme le lieu jaune ou le merlan, cantonnées au large et dans des zones plus profondes le reste de l’année.

On sait aussi que les pêches d’après tempête sont généralement couronnées de succès, tous les espoirs sont donc permis. Lieu jaune et merlan, que l’on a vu apparaître fin janvier, devraient tenir le haut du Casier. Pour le reste, difficile de prévoir l’impact de ces températures aléatoires

Clac, clac, clac c’est la fin de la trêve pour les coquilles Saint-Jacques. Après trois semaines de coupure à Saint-Brieuc, le plus gros gisement pour nos plongeurs est à nouveau ouvert à 100%. Elles seront donc en retour en force, avec nos sept plongeurs partenaires pour sauver les Casiers en cas de tempête.

On espère également retrouver les poissons de Méditerranée, bonite, saupe, merlu, daurade ou encore mulet. On attend le retour du merlan côté Atlantique et de la féra du côté du lac Léman. On trouve maintenant la féra dans les plus grands restaurants étoilés, on vous invite à goûter pour faire voler en éclat vos a priori sur les poissons d’eau douce.